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Dans les maquis, j’ai trouvé plus que des frères

ATELIER DE SOPHIE ZÉNON (PHOTOGRAPHE) avec une classe de Première du lycée professionnel Jules Vernes de Guingamps.
Atelier mené en coopération avec la DRAC Bretagne et le Musée de la Résistance en Argoat (Saint-Connan). 

En parallèle à mon travail de création "Frondaisons. la fabrique de l'image d'un maquis de l'Argoat" et dans le cadre d'une résidence de territoire initiée par la DRAC Bretagne et le Musée de la Résistance en Argoat, j'ai mené avec des élèves d’une classe de première MELEC du Lycée Jules Verne de Guingamp et de leurs professeurs d'histoire, de français, d'arts plastiques et de technologie un atelier pédagogique sur le thème de l’engagement. 

 

L’atelier est venu nourrir les objectifs d’ouverture à l’autre, d’acquisition de savoir-faire visés par le lycée, ainsi que ceux du musée sur la compréhension du mouvement de la Résistance. Il les a mené à penser l’avenir, à la lumière du passé, en laissant une place au rêve, à leur faire prendre conscience qu’ils sont porteurs de valeurs, qu’ils peuvent jouer un rôle dans l’histoire. 

 

Chaque élève a travaillé à partir de photogrammes issus des films Delattre (1944 et 1945) pour imaginer un texte sur la vie d’un maquisard. La forme était libre (lettre, poème, chanson, etc…). En contrepoint, ils ont produit des portraits et écrit un texte sur leurs rêves. Un livre d’artiste associant textes, portraits et photographies d’archives, laisse à chacun un espace d’expression sur la Résistance, sur les causes qu’il serait prêt à défendre aujourd’hui et sur la société dont il rêve pour demain.

Les textes rédigés par les élèves sont inspirés de la vie des résistants de Coat-Mallouen. Atelier d'écriture mené avec la professeur de français et d'histoire Mme Dias.

LE BON CHEMIN

Pas la peine de vous dire quelle heure il est au moment où j’écris. J’ai d’la haine à sortir, le rap c’est mon auto-thérapie.
Ouais, ça aide à extérioriser. J’ai pas besoin d’un psy.
Insoumis aux nazis, motivés, on veut notre liberté.

Fumer et rigoler, ça aide pas mal à décompresser.
Mais suivre les ordres du lieutenant, ça, faut respecter.
Nous, au maquis, on est là pour résister !
Quand j’écris, c’est souvent tard le soir,
Et bien sûr, dans chacun de nous, il y a un fond d’espoir.
Ma vision devient pire que taciturne,
Si on ne s’en sort pas, on se rejoint sur Saturne.
Y’a tant de choses à faire,
Y’a tant de choses à dire,
Et quand j’y vois plus clair,
Y’a tant de choses à faire.
Mais ça serait trop simple, donc je fais face et j’avance Devant la caméra, je suis rempli de nonchalance,
Dans la forêt de Coat-Mallouen, je suis loin des mauvais gars Si je leur avais tendu la main, ils m’auraient arraché le bras.

Axel / Antoine Grall - 1945

Frère de coeur Bonjour maman, je vais bien, cependant :

Je vais te raconter l’histoire que j’ai vécue avec mes gars :
C’était dans la matinée d’un vingt-sept juillet 44.
On était à Saint-Connan, je te jure, on était plus de trois cents
Pendant l’Occupation des Allemands, on était cachés dans des maquis.

! Dans les maquis, j’ai trouvé plus que des frères.

On a vécu des jours heureux et d’autres assez désastreux.
Je m’en rappelle, quand on a mangé tous ensemble, c’était un jour merveilleux ! Mais ça n’a pas trop duré, car les Allemands ont attaqué.

! Dans les maquis, j’ai trouvé plus que des frères.

Un camarade est venu afin de nous alerter.
Dans l’immédiat, on a pris les armes et c’était le moment de se battre. Je vais pas te mentir : j’avais peur, mais j’éprouvais tant de rancoeur !

! Dans les maquis, j’ai trouvé plus que des frères.

Après cette bataille, vraiment, j’en avais marre
De voir le sang couler et les cris des gens apeurés. Après cette bataille, j’ai perdu des frères,
Le sentiment d’avoir perdu une partie de mon corps. Après cette bataille, j’ai failli me perdre,
Mon esprit était confus comme celui des romantiques !

C’était fou maman, le sept août 44, on a repris la ville de Guingamp aux mains des Allemands.
Difficile d’y croire, mais en voyant De Gaulle nous remettre les médailles, j’ai réalisé que j’ai laissé une trace de mon passage.

Mais au fait, comment nous ont-ils trouvés à Saint-Connan ? On nous a dénoncés. On ne le saura peut-être jamais...

Sydney

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