EPAISSEUR DU TEMPS
Sophie Zénon réalise ses premières photographies à la fin des années 1990 en Mongolie, un pays qui la fascine pour ses grands espaces et pour le rapport intime, spirituel de ses habitants à la nature et aux ancêtres, une manière d'être au monde qui marquera profondément son oeuvre à venir. Les questions de la mémoire et de l’oubli, de la beauté et de l’effroi, de la perte et de l’absence, mais aussi de l’ici et du maintenant constituent un fil conducteur de son travail, lié aux thèmes de l’exil, de la guerre, de la destruction, de la résistance et de la renaissance. Envisageant le paysage comme un lieu d’expérience et de vie, elle aborde le passé dans sa dimension de présent et le vivant dans sa capacité de résilience. Image-palimpseste, empreinte, transparence, éblouissement, échelles macro et micro, temps profond et temps présent, réactivation d’archives mais aussi technique du geste et matérialité font partie de son vocabulaire plastique.
« De séries en séries, la démarche de Sophie Zénon est tout entière mue par cette idée filée selon laquelle construire le paysage par la photographie, c’est étudier simultanément la nature et la photographie, explorer concrètement et expérimentalement l’une et l’autre, plutôt que de chercher à reproduire photographiquement des paysages préexistants. (...) Esthétiquement, l’œuvre de Sophie Zénon condense deux lectures du paysage : l’une, critique, interroge l’histoire d’un événement qui a marqué le paysage et les consciences ; l’autre, en tant que résurgence du sentiment romantique du sublime, élabore le lexique photographique d’un « nouveau pittoresque ».
Héloïse Conesa*.
Son oeuvre s’organise sous la forme de cycles composés chacun de trois ou quatre volets (Asies, In Case We Die, Arborescences, Rémanences) et tisse des liens entre des histoires : entre la petite, intime, familiale, et la grande, historique, patrimoniale. Accordant une place importante à l’expérimentation et à la transversalité des pratiques, elle décline ses recherches plastiques sous la forme de photographies, de livres d’artiste, de vidéos, d’installations.
* Héloïse Conesa, Conservatrice du patrimoine, chargée de la collection de photographie contemporaine au département des Estampes et de la Photographie de la BnF, "Rémanences" in "Pour vivre Ici" , Loco, 2019
BIOGRAPHIE
Sophie Zénon est une artiste photographe française. Elle vit et travaille à Paris.
Etudes en histoire de l’art, en histoire contemporaine (Université de Rouen) et en ethnologie (EPHE, Paris) où sa rencontre avec l’anthropologue Roberte Hamayon lui ouvre l’univers du chamanisme en Asie septentrionale, notamment en Mongolie où elle voyagera pendant plus de dix ans.
Depuis 2004, elle se consacre uniquement à sa pratique artistique. Son activité alterne entre sa production personnelle et des réponses à des invitations muséales pour explorer leurs collections. Parallèlement à ses créations personnelles, elle développe depuis les années 2000 des recherches sur le geste et les savoir-faire dans les métiers d’art avec le concours d'institutions et de fondations.
Ses oeuvres sont exposées en Europe et à l'international depuis 2000 dans de nombreux centres photographiques, institutions, musées, festivals et salons dans des lieux tels que : le Palais de Tokyo (Paris), la BNF (Paris), la fondation Pierre Bergé / Yves Saint Laurent (Paris), la fondation Fernet-Branca (Saint-Louis), la fondation François Schneider (Wattwiller), la galerie Thessa Herold (Paris), Le Houston Center for Photography (Etats-Unis), les salons Paris-Photo et Art-Paris.
Elles ont intégré des collections publiques (Maison Européenne de la Photographie, BNF, Musée français de la Photographie, Mobilier national, Manufacture de Sèvres, bibliothèque Kandinsky/Beaubourg, bibliothèque du Rijksmuseum...) et de nombreuses collections privées.
Sophie Zénon est l’auteur de trois monographies, 4 catalogues d'exposition et de sept livres d’artiste.
Elle est lauréate de la bourse d'aide à la création d'oeuvres d'art de la Fondation des Artistes (2022), du prix EURAZEO (2019), du prix "Résidence pour la photographie" de la Fondation des Treilles (2015), du Prix Kodak de la Critique (Mention spéciale 1999), de la bourse Chroniques Nomades (2000)
et finaliste de la Villa Kujoyama (2023), de la résidence du Musée de l'Armée (2023), du prix photo Marc Ladreit de Lacharrrière / Académie des Beaux Arts (2020), du Prix Niépce (2015).
Sophie Zénon est représentée par la Galerie XII (Paris et Los Angeles, USA).
Sophie Zénon realised her first pictures in the late nineties, in Mongolia, a country which fascinates her as much for its boundless landscapes as much as for its inhabitants’ relationship to its vibrant and palpitating nature. Her discovery of shamanism, this global symbolic system in which the invisible world, and more specifically our ancestors, interact with the world of the living, leads her in 1998 to resume University studies in ethnology and in the social sciences of religions. Marked by this experience, since 2000, her artistic process is increasingly focused on this preoccupation with the photographic staging of absence, our relationship to ancestors, with filiation. Her photographic series “the Palermo Mummies” (Italy) is emblematic of this process. Captured with an exquisite delicacy, the mummies seem to vibrate, or even to dance, in between presence and absence, at a quivering frontier between life and death.
Recipient of the EIURAZEO prize (2019), of the Fondation des Treilles’s “Résidence pour la photographie” Prize (2015), of the Kodak Prix de la Critique (1999), of the Chroniques Nomades Fellowship (2000), shortlisted at the villa Kujoyama (2015), for the Niépce Prize (2011, 2015), for the Académie des Beaux Arts Prize (2010), her work has been shown extensively throughout France and Europe at large, and can be found in public collections.
Sophie Zénon is represented by the Gallery XII (Paris and Los Angeles).
Translated by Wendy Parramore