LA SEILLE
2023
Photographies.
Tirage sur voile de coton semi transparent 230 x 150 cm et au charbon (piezzographie) sur papier coton 112 x 80 cm.
Ces photographies forment un volet du cycle Rémanences (depuis 2017), cycle s’attachant à la mémoire des paysages et notamment des paysages de guerre sous l'angle du végétal tour à tour supplicié, marqueur de l’histoire et de ses traces, fragile mais toujours nourricier et renaissant.
" Une rivière a-t-elle vocation pour être frontière ? Alors qu’elle se rêve généreuse avec l’apport de ses alluvions, sa possibilité d’étancher les soifs, de nourrir par ses poissons, elle peut se retrouver assignée à n’être qu’une ligne qui sépare en deux. N’être qu’une démarcation qui sera franchie au gré des guerres, pour verser du sang, brûler l’autre rive, pour que tout se finisse sous les flonflons de la réconciliation. Et recommencer. Puis, lorsque la paix prend racine, devenir une limite de territoire, sous une même bannière. Et si la Seille se voulait belle comme les gravures d’autrefois, si les bosquets d’une rive étaient déplacés sur l’autre, si par la puissance de la photographie les luttes étaient effacées, les paysages entremêlés, alors la Seille deviendrait son rêve : un lien plutôt qu’une séparation ".
Jean-Benoît Patricot, dramaturge.
Située dans la région Grand Est Seille, la Seille est un affluent de la Moselle. Entre 1871 et 1914, elle a servi d'appui à la frontière franco-allemande. Les limites actuelles entre les départements de la Moselle et de Meurthe-et-Moselle sont héritées de cette frontière définie au Traité de Francfort de 1871. Durant l’été 2022, j’en ai arpenté les rives, photographiant les paysages de part et d'autre de ses méandres, paysages autrefois, selon l'Histoire, tantôt allemands, tantôt français. De retour à l'atelier, j'ai travaillé les images en pour produire ces paysages de facture classique mais truffés d’invraisemblances optiques. De ces montages sont nés des paysages franco-allemands imaginaires, métaphores de la réconciliation.