
LA DANSE DU FEU
Pièce unique. 2022
Polyptyque composé de 12 plaques en acier émaillées et sérigraphiées.
Format 53 x 240 cm.
Avec la collaboration de Marie-Hélène Soyer, émailleuse sur métaux (Atelier Emaux-Métaux, Nantes) et de Bretagne Emaillage (Héric).
EMAIL, METAL, PHOTOGRAPHIE.
Un défi plastique
En 2021, à la demande du Syndicat Professionnel des Émailleurs Français (SPEF), je suis allée à la rencontre des émailleurs sur métaux, sillonnant les territoires du Limousin, de la Loire-Atlantique et de l’Ile de France. Contrairement à l'émail sur porcelaine, l’émail sur métal m’était jusqu’à présent un art quasiment inconnu. Je connaissais quelques pièces précieuses du Moyen-Age et de la Renaissance, exposées au musée des Beaux-Arts de Limoges, notamment de somptueuses grisailles dont le fameux « blanc » a contribué à la réputation internationale de la capitale du Limousin. J’ignorai qu’une jeune génération d’émailleurs, souvent eux-mêmes filles et fils d’émailleurs, avait pris la relève et faisait « exploser » la matière, explorant de nouveaux territoires.
L’émaillage sur métaux est une technique qui consiste à recouvrir des plaques ou formes en acier, cuivre, inox, argent, or et certains alliages métalliques, d’une ou plusieurs fines couches de verre coloré d’oxydes métalliques. Trouver un lien entre ces deux médium, photographie et émail sur métal, a été un stimulant défi, d'autant que les savoir-faire de photo-émaillage mis au point au XIXe siècle se sont perdus aujourd'hui. La découverte au préalable des différentes techniques de l'émail sur métal sur métal - tant sur cuivre que sur acier - a été précieuse pour imaginer une oeuvre qui entre en résonance avec mes propres recherches personnelles en tant qu’artiste plasticienne travaillant sur le passage du temps, la mémoire et l’oubli.
Au départ, une intuition, celle de conjuguer la technique d’émaillage du champlevé à celle de l’héliogravure au grain (un procédé du XIXe siècle permettant le transfert d’une image photographique sur une plaque de cuivre par l’intermédiaire de gélatine photosensible). Deux techniques pratiquées sur cuivre et où la morsure à l’acide dessine en creux le motif. Ces points de jonction méritaient d‘être explorés. Lumière et transparence de l’émail ont donné à une série d’outils d’émailleurs photographiés tels des tableaux abstraits, puis héliogravés et encrés, une profondeur et un relief surprenants, transformant compas, plumes, pinceaux, spatules… en fossiles emprisonnés par les cristaux.
Bien moins connu que l'émail sur cuivre, l’émail sur acier offrait quant à lui des possibilités multiples d’effets de matières, de textures avec lesquels j’ai joué pour imaginer une pièce comme sortie des entrailles de la terre. Mon polyptyque, jouant des textures et des oppositions (brillant/mat, lisse/rugueux, précieux/fruste), évoque tant la beauté du geste intime de l'émailleur que la mémoire collective de la main.







